Claude Arnaud
Auteur van Jean Cocteau: A Life
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Les arguments fusent. L'auteur s'attarde sur les années où Cocteau, jeune étoile montante dont on vante partout le génie précoce alors que le "petit Marcel" peine dans ses travaux d'écriture et doute fort de sa capacité à écrire l'œuvre qu'il rêve d'accomplir. S'il passe de longues heures à lire à haute voix à son jeune ami Jean Coteau des pages entières de La Recherche, il fonde peu d'espoir à trouver un lectorat pour une œuvre encore balbutiante qu'il juge "asphyxiante".
Le pauvre Marcel Proust n'est vraiment pas décrit à son avantage. Il est dépeint comme une sorte d'insecte tueur, aspirant tout le suc de victimes attirées par ses flatteries et attentions excessives. Il aurait été un mondain sans scrupules, pleutre et totalement immature. Incapable de sentiments d'amour ou d'amitié véritables, il n'aurait fait que brûler successivement ses idoles éphémères. Avec le temps, de plus en plus englouti dans l'édification de sa cathédrale littéraire, il se serait encore plus détaché de la vie réelle et de ses semblables avec lesquels il pouvait être d'une redoutable méchanceté. Ne vivant plus que pour son œuvre et par son oeuvre, il aurait donc choisi de se consumer dans l'invention de vies de personnages semi-réels au détriment d'une existence réelle que Cocteau n'a jamais souhaité quitter.
A l'inverse, son cadet est décrit comme un personnage lumineux et généreux. Jouissant d'un excellent réseau dans le Tout-Paris où il navigue, il semble qu'il n'ait pas ménagé ses efforts pour ouvrir les portes à son ami Marcel vers la reconnaissance littéraire. Une reconnaissance qui devait se muer en gloire (notamment grâce au prix Goncourt obtenu en 1919) et même en sanctification après sa mort.
Il semble que Marcel Proust ait montré peu d'empressement pour renvoyer l'ascenseur à l'ami à la recherche d'un nouveau style littéraire au sortir de la première guerre mondiale. Au moment où Gallimard ouvrait ses portes à Marcel Proust - sur les chaleureuses recommandations de son ami Cocteau - l'éditeur refusait d'y faire entrer ce dernier.
Cet éclairage, si intéressant soit-il sur la face cachée du phénomène proustien et de l'ombre portée sur la figure de Cocteau, prend tout son éclat grâce à l'intelligence de l'auteur qui livre une analyse fine et acérée, sensible et étonnamment vivante. Brillant !
Extrait : "La sanctification de Proust repose aussi sur ses dénégations érotiques et ses malheurs terrestres, même si elle a de profond racines littéraires. Sans parler de la chance qui le fit mourir avant la généralisation des appareils d'enregistrement : jamais filmé ou photographié, rarement pris en photo, le petit Marcel a disparu physiquement de nos consciences au profit du saint littéraire qu'il rêvait de devenir - tout l'inverse de Cocteau, qui eut le temps de voir mille appareils éterniser ses gestes terrestres et sa voix mondaine et qui, warholisé avant l'heure, paraît daté, dans sa juxtaposition."… (meer)