Pour Jerry, il y a un avant – tandis que, dans le train le ramenant chez lui du Connecticut, à l'issue d'une visite à son père suspendu au sein d'un crépuscule où il confond Jerry avec le frère de celui-ci, Brian, il redoute le coup de fil à Brian qui ravivera leur éternel désaccord sur la nécessité d'envoyer le vieux dans l'hospice de la brochure dont Jerry a parlé plusieurs fois, qu'il remonte les six pâtés de maison depuis la gare sous le soleil couchant écarlate en vérifiant la valeur de son portefeuille d'actions sur son téléphone, qu'il rêve de quitter son emploi un jour quand la somme suffira, sachant qu'elle ne suffira jamais, car il faut envoyer Liddy et Jacob en fac et l'hospice n'est pas donné, qu'il emprunte son allée, qu'il imagine Beth lui ouvrant la porte, lui criant Devine, chéri ! et brandissant un billet de loterie gagnant qui se trouve être, pour une raison quelconque, plus grand que nature, comme ces chèques géants qu'on vous montre à la télé, qu'il se souvient, en insérant la clé dans la serrure, d'avoir oublié de nettoyer les gouttières, ce qui fâchera Beth même si elle se tait et qu'il préfère la voir souriante, qu'il découvre sa femme et ses enfants agglutinés devant l'écran panoramique, l'air absent, et qu'il trouve la scène étrange, vu qu'il ne se rappelle pas la dernière fois où ils ont réussi à tous s'accorder sur quelle émission regarder ensemble...