Le premier livre de Jean Giono que j'ai lu ou plutôt, le premier que j'ai lu avec passion (le vrai premier, Le Chant du Monde, a mis plusieurs années et plusieurs tentatives de lecture à s'imposer à moi...).
Le Moulin de Pologne, c'est la période sombre de Giono, celle de la perte des certitudes et des repères. Pas d'ode à la nature, pas de lyrisme provençal dont l'objet n'est pas toujours clair ni emballant. Ici le destin règne en maître et le destin est noir, forcément. On y retrouve des thèmes chers à l'auteur sur la dureté du monde, la froideur des événements et la grandeur des hommes. Comme Langlois dans un Roi sans divertissement (le chef d'oeuvre...), ceux qui traversent le Moulin de Pologne voient plus loin que leurs rêves et que la médiocrité, mais il n'y a pas d'échappatoire.
Giono y manie une langue souvent saccadée mais pure, mélange inimitable de classicisme et de langage oral.
Un très beau livre. ( )