En 1343, un navire g©?nois, empli de vivres, est intercept©? dans le port de Naples par une population affam©?e agissant sous la conduite de membres de familles nobles. Le capitaine est sauvagement assassin©? et la cargaison du navire est d©?tourn©?e. En 2005, dans la province de Naples, trois jeunes hommes menott©?s sont tu©?s d ?un coup de revolver dans la t©®te devant les portes d ?un coll©·ge. Quels sont les liens entre ces deux faits divers, l ?un et l ?autre tristement banals rapport©?s © leur ©?poque (dans un cas une r©?volte de la faim, dans l ?autre un crime de la Camorra)? ? Y en a-t-il m©®me au-del© de leur localisation ? mais n ?est-ce d©?j© pas beaucoup quand le lieu en question, Naples, est connu pour ©®tre celui du crime organis©? et de l ?©?panouissement d ?un syst©·me client©?liste mafieux? ? Amedeo Feniello invite le lecteur © revisiter l ?©?pisode de 1343 comme ©?tant r©?v©?lateur de l ?identit©? m©®me de la ville, de la conception d ?une ?±? nation napolitaine? ? sp©?cifique dont les origines sont © rechercher au XIIe si©·cle, lors de l ?annexion de Naples par les Normands. L ?int©?gration au royaume normand de Sicile s ?est faite en effet au prix de la concession de larges pans du pouvoir souverain aux cinquante-sept grandes familles napolitaines, cr©?ant ainsi une structure politique divis©?e en parcelles rattach©?es © un territoire et marqu©?es par une solidarit©? et un honneur propres. Cette appropriation clanique de la ville, devenue structure mentale, est li©?e © la vie la plus profonde de cette cit©?, © son imaginaire le plus archa© que, © sa part maudite, qui s ?exprime aujourd ?hui comme hier, en 2005 comme en 1343…