Le langage : Les mots sont des signes de faits naturels. L'utilité de l'histoire naturelle est de nous offrir une aide pour comprendre l'histoire surnaturelle , l'utilité de la création extérieure, de nous offrir le langage qu'il nous faut pour les êtres et les changements de la création intérieure. Si l'on remonte à sa racine, chaque mot utilisé pour exprimer un fait moral ou intellectuel s'avère être emprunté à quelque apparence matérielle. Juste signifie droit , faux signifie tordu. L'esprit signifie le souffle, transgression signifie le franchissement d'une ligne , hautain correspond à un haussement du sourcil. Nous disons « cœur » pour exprimer l'émotion, «tête» pour signifier la pensée, pensée et émotion sont des mots empruntés au domaine des choses sensibles et convenant désormais à la nature spirituelle. Une grande partie du procédé par lequel cette transformation s'opère est cachée à nos veux, remontant à l'époque lointaine de la formation du langage , mais on peut observer la même tendance chez les enfants. Les enfants et les êtres primitifs n'emploient que des noms, ou des noms d'objet, et les convertissent en verbes qu'ils utilisent pour désigner l'acte mental correspondant.2) Mais cette origine de tous les mots qui expriment une portée spirituelle fait tellement évident dans l'histoire de la langue — est la moindre de nos dettes à l'égard de la nature. Ce ne sont pas seulement les mots qui sont emblématiques , les choses sont emblématiques. Tout fait naturel est un symbole d'un fait spirituel. Toute apparence dans la nature correspond à un état d'esprit et cet état d'esprit ne peut se décrire qu'en présentant cette apparence naturelle comme son image. Un homme courroucé est un lion, un homme rusé, un renard, quelqu'un de solide est un roc, un savant, un flambeau. Un agneau symbolise l'innocence , un serpent, la malveillance subtile , les fleurs expriment à nos yeux les affections délicates. La lumière et les ténèbres sont nos expressions familières pour désigner la connaissance et l'ignorance , et la chaleur, l'amour. Les distances visibles que nous mesurons derrière nous et devant nous correspondent respectivement à l'image que nous avons de la mémoire et de l'espoir.Lequel d'entre nous, à l'heure de la méditation, peut regarder un fleuve sans l'associer à l'idée de l'écoulement de toute chose ? Jetez une pierre dans le courant, et les cercles qui sont propagés illustrent avec beauté le type même de toute influence. P, 36