Colloque de Fanjeaux

LA MORT ET L'AU-DE LÀ EN FRANCE MERIDIONALE.
(CAHIERS DE FANJEAUX) N33

INTRODUCTION

Memento novissima tua. Cette injonction, accompagnée d'une
tête de mort, a été peinte sur l'un des piliers de la cathédrale
d'Albi au début du xvr siècle. Elle rappelait et rappelle encore aux
fidèles que les fins dernières : la mort, le Jugement, l'Enfer, le Ciel,
sont au cæeur du christianisme. Elle en signale pour chacun la
proximité et marque la nécessité d'agir en conséquence

L'image voisine un immense Jugement dernier, qui comporte
un Enfer développé et puissamment expressif, tandis que les voûtes
de la cathédrale figurent le Ciel de gloire, dans le style allègre et
jubilatoire du Quattrocento. L'ensemble traduit avec force
l'angoisse qui saisit les hommes devant la mort à la fin du Moyen
Age, manifeste la pastorale que les clercs articulent sur cette sensi-
bilité et montre que l'histoire s'ordonne en fonction du salut, vers
lequel l'Eglise conduit les chrétiens par sa liturgie et ses sacre-
ments. A ce moment, l'espace et le temps de l'au-delà sont claire-
ment définis, tandis que la christianisation du rituel de la mort et
des suffrages pour les morts s'avère très largement avancée.

ll n'en a pas toujours été de même. Au-delà des cadres de la
foi et de la doctrine, il existe dans la vie religieuse des données
contingentes qui varient en fonction du temps, de la société et des
impératifs de la pastorale. Les attitudes face à la mort et les repré-
sentations de l'au-delà ont subi le poids du présent où elles se sont
élaborées, comme le suggèrent les études récemment conduites en
ce domaine. La multiplication de ces dernières participe d'un élar-
gissement du champ de l'histoire et, à l'intérieur de l'histoire reli-
gieuse, du passage d'analyses strictement institutionnelles à la
prise en compte du vécu spirituel des fidèles...… (meer)