Patrick Pécherot

> Chemin des Dames, 1917, l'offensive du général Nivelle tourne à l'hécatombe. Dans l'enfer des combats, un conseil de guerre s'apprête à juger le soldat Jonas, accusé d'avoir assassiné son lieutenant. Devant l'officier chargé de le défendre défilent, comme des fantômes, les témoins harassés d'un drame qui les dépasse. Coupable ? Innocent ? Jonas est-il un simulateur ou un esprit simple ? Le capitaine Duparc n'a que quelques jours pour établir la vérité. Et découvrir qui est réellement celui que ses camarades ont surnommé Tranchecaille.
—admincb (Culturebox)… (meer)

Une très bonne surprise que cette nouvelle. Avec ce titre, et sans avoir lu la quatrième de couverture, je m’attendais, du fait de la collection dans laquelle est publié ce livre, à un petit polar tout ce qu’il y a de plus banal. Il n’en est rien, c’est un opus très original, dans une collection où il n’est d’ailleurs probablement pas tout à fait à sa place !
De quel dernier été est-il question ici, de celui de ce lieutenant mort au combat ou de celui des protagonistes de cette conversation étrange ? La forme de la nouvelle est un long monologue d’un homme dont le nom ne nous sera jamais connu, s’adressant à une autre personne, d’abord le lecteur, ensuite une personne bien réelle dont l’identité ne sera dévoilée que par petites touches, avant de devenir évidente.
Difficile d’écrire une note de lecture pour cette nouvelle sans dévoiler l’intrigue, car c’est en grande partie dans cette compréhension progressive de ses éléments et dans l’ambivalence croissante de l’atmosphère que réside son plus grand intérêt.
Intéressant à noter, cette nouvelle est extrapolée à partir de faits réels. D’abord une analyse du tableau (aujourd’hui au Musée d’Orsay mais que pour ma part j’aurais à peine remarqué) Réunion de famille de Frédéric Bazille, un peintre impressionniste mort à 28 ans dans la guerre franco-allemande en 1870. Ensuite, la nouvelle sur laquelle Emile Zola travaillait au moment de sa mort, qui serait intitulée Le Visiteur, mais qui n’a jamais été retrouvée.
Cette nouvelle mêle habillement ces éléments disparates, et d’autres encore et donne une vision étonnante du célèbre écrivain, bien loin de son rationalisme affiché. L’interprétation reste ouverte, chaque lecteur y verra ce qu’il voudra y mettre, l’interrogation restera irréductible à la fin de la nouvelle, mais encore une fois, plus que l’histoire, c’est l’ambiance et la construction qui font toute la saveur de cette nouvelle qui plaira probablement plus aux amateurs de romans du XIXème siècle qu’aux lecteurs de polars plus modernes.
Ce livre est disponible dans la collection des Petits Polars de la SNCF, j’imagine donc que beaucoup sont disponibles dans les gares. Je le recommande vivement, pour un trajet en train, que vous ne verrez pas passer (attention à ne pas louper votre arrêt !).… (meer)