Ce roman, situé à la fin du XIXe siècle et apparemment basé sur la vie réelle d'une femme hongroise, a un sujet tout à fait d'actualité : comment ayant un corps de femme, certains êtres peuvent se revendiquer complètement homme. L'écriture, qui pastiche le style romantique du XIXe siècle, est belle et on comprend un peu mieux comment au nom de la supériorité de l'esprit sur le corps, et des émotions sur le monde matériel, on peut refuser ce que la naissance a fait de nous.
Je dois pourtant dire que je me suis un peu impatienté, voire ennuyé, vers le milieu du livre, lorsque le comte nous narre sa vie de jeune homme, joueur, buveur et séducteur, finalement très banale.
J'ai en revanche apprécié le jeu de décalage entre les lettres écrites par le comte et les compte-rendu d'expertise du médecin : celui-ci voit une femme à l'allure grossière et qui souffre de troubles mentaux au point de la rendre irresponsable de ses actes, alors que le comte se vit en homme passionnément amoureux et que seul un inexplicable caprice de Dieu a mis dans un corps de femme.
Au total, je n'ai pas été passionné mais ce livre mérite tout de même d'être lu à la fois pour son thème, peu abordé me semble-t-il, et pour sa forme originale, son style très littéraire. ( )