"et ne rougissez pas à la pensée de ce qu'est le coeur humain"
Le livre ouvre sur ces mots issus des Chants de Maldoror.

Monologue-fleuve d'un érudit veuf qui donne une conférence exaltée dans une petite ville de province sur l'art menacé de la conversation, le grand petit livre de Lydie Salvayre a de quoi surprendre et réjouir le lecteur.

Les intérêts et les conditions favorables de la conversation sont passés au crible pour finalement conduire à des exemples de conversation (politique, littéraire, amoureuse...). Personnage grandiloquent, compassé, critique, pédant, mordant et parfois tendre, il livre ses réflexions face à un public médusé.

Ponctué d'aphorismes :

"La conversation réduit notablement le déficit de la Sécurité sociale"

"Les bourgeois autrefois avaient leurs pauvres.
Ce sont désormais les intellectuels qui ont les leurs"

"La conversation est une insomniaque.
Elle empêche le verbe de dormir"

"La conversation est une association sans but lucratif"

son discours est régulièrement dévié par son état psychologique troublé par son récent veuvage, laissant libre cours à des évocations cruelles et hilarantes de sa défunte épouse.

Le texte, plein de sel, pétillant d'intelligence et extrêmement drôle, offre un moment de lecture à la fois stimulant et singulier.

L'écriture fine, nerveuse de Lydie Salvayre sert une fois de plus la solide qualité du contenu. ( )

This dry, clever novel is a rambling lecture by a man obsessed with the art of conversation. Peppered in his outrageous speech are little hints that his life is murkier than we realize; by the end, I felt chilled and amused. A slim but dense novel. ( )