Afbeelding van de auteur.
8 Werken 44 Leden 1 Geef een beoordeling

Werken van Jean-Pierre Barou

Tagged

Algemene kennis

Er zijn nog geen Algemene Kennis-gegevens over deze auteur. Je kunt helpen.

Leden

Besprekingen

> Babelio : https://www.babelio.com/livres/Barou-Les-cles-de-la-sante-indigene/444281

> LES CLÉS DE LA SANTÉ INDIGÈNE. — Sylvie Crossman fut longtemps correspondante du journal "Le Monde" en Californie. Avec Jean-Pierre Barou, arrivé d’une galaxie militante, ils explorent depuis vingt ans les cultures les plus anciennes de la Terre.
Leur nouveau livre : "Les Clés de la santé indigène", étonnant !

Les peuples premiers considèrent le corps anatomique comme secondaire - ils peuvent le soigner mais, selon eux, cela ne peut jamais mener loin. Beaucoup plus important est à leurs yeux un autre corps, que nous, modernes, avons oublié et ne voyons plus... Trois ans après la publication de leur premier livre, Enquête sur les Savoirs Indigènes (éd.Calmann-Levy), Jean-Pierre Barou et Sylvie Crossman nous invitent à les suivre plus en profondeur dans l’exploration des cultures “premières” - Indiens navajos, Aborigènes d’Australie, Initiés tibétains...
Leur nouvelle enquête, Les Clés de la santé indigène (éd. Ballard), fait basculer l’idée même que nous nous faisons d’un corps et d’un esprit harmonieux et révolutionne la place de ce que nous avons coutume d’appeler “art” dans les fondements de toute thérapie.
Nouvelles Clés : Votre premier livre nous avait déjà obligés à revoir beaucoup de nos idées reçues sur les “peuples premiers” (dire “primitifs” est devenu tabou, malgré la beauté du mot). Vos révélations sur les pratiques ésotériques du Dalaï-Lama (son oracle !) chahutaient certaines visions bon chic bon genre des amis du Tibet - dans un sens sain et vivant !
Pourquoi un second livre ?
Jean-Pierre Barou : Notre seconde enquête est partie d’une interrogation qui revenait régulièrement au cours de nos rencontres avec les peuples indigènes : pourquoi leurs hommes-médecine accordaient-ils si peu d’importance au corps anatomique alors que, par ailleurs, leur connaissance pratique de la nature dépasse tout ce qu’un moderne peut en savoir ? Cela nous intriguait énormément. Leurs connaissances de la flore et de la faune, par exemple, ou du pouvoir thérapeutique des minéraux, sont absolument phénoménales.
Ils utilisent des combinaisons dont vous n’avez pas idée : par exemple, dans le grand désert rouge d’Australie, les Aborigènes soignent leurs caries dentaires, en introduisant un petit ver dans la dent pour qu’il ronge l’infection ; ensuite, le trou désinfecté est bouché avec une pâte qui durcit, mélange d’argile et de plantes... Bref, ils connaissent parfaitement le corps anatomique et ses rapports avec la nature. Mais chez eux, ces pratiques-là sont laissées aux plus jeunes, ou aux moins doués, aux guérisseurs - l’équivalent de nos médecins généralistes. Les maîtres-thérapeutes, eux, les hommes-médecine initiés, grimpent d’un niveau et s’occupent d’un autre corps - d’un corps “arc-en-ciel” ou corps “subtil”, les noms changent selon les peuples, mais c’est bien toujours du même qu’il s’agit. Dans toutes les sociétés indigènes du monde, ce corps-là, les simples guérisseurs n’y touchent pas, ils le laissent à leurs supérieurs. Et comme il s’agit d’un corps en relation forte avec le monde, la zone de “responsabilité” d’un homme-médecine initié est forcément plus vaste que celle d’un guérisseur. Le corps subtil met en jeu l’invidivu, mais aussi sa famille, son groupe, son clan, les tribus alliées... Le propos du thérapeute est d’ordonner ce corps par rapport à tout ça !
Son niveau d’intervention est donc très étendu, autant que le corps subtil lui-même - mais ne voyez pas ça comme une nappe qui s’étendrait, plutôt comme un système de communication, qui va s’élargissant, du corps subtil du patient à tous les corps subtils du monde. D’autre part, découverte frappante, particulièrement bien énoncée par les Tibétains : les hommes-médecine initiés n’ont pas besoin de disséquer un corps pour le connaître, ils le perçoivent en finesse (par exemple dans le parcours des nerfs) par la méditation.
N. C. : Tout cela, vous le racontez, dans le nouveau livre - où vous rencontrez des Pygmées, des Algonquins, des Tahitiens, des Navajos, des Aborigènes d’Australie, des Tibétains...
J.-B. B. : Nous présentons des faits. C’est une enquête à la Sherlock Holmes. Rien que du factuel. Mais nous avons dû remonter dans le temps... et n’avons pu que tomber et retomber sur certaines “voies”. Ainsi, nous avions déjà vu, un jeune Navajo s’approcher de la “Voie du Serpent”, chez un collectionneur blanc qui avait fait venir ce garçon dans l’espoir qu’il saurait rénover une image abîmée, une empreinte sacrée détournée sur un bout de contre-plaqué : dès qu’il a vu l’image du serpent gris, le jeune Navajo a tourné les talons et a disparu. Nous avons pu mesurer combien ça lui avait fait peur ! Nous avons alors appris qu’en 1936, sur le territoire Navajo, s’était tenue une réunion secrète d’hommes-médecine qui avaient décidé d’abandonner cette voie, de la saborder, de ne plus la transmettre. Pourquoi ? Parce qu’ils ne la maîtrisaient plus - chaque fois qu’ils la transmettaient, les gens mouraient. Ils se sont dit : “Nous ne pouvons plus continuer avec cette cérémonie, elle nous échappe.”
La chance a voulu qu’une femme blanche qui avait leur confiance, l’épouse du négociant Franc J. Newcomb, assistait à cette réunion. Elle a pu copier le dessin de l’œuvre considérée comme la plus dangereuse dans cette cérémonie délicate - et l’a ensuite confié à l’ethnologue Alice Richard.
Quand vous regardez ce dessin, sa menace saute aux yeux - comme dans certaines voies tantriques... Il faut bien comprendre qu’une œuvre navajo est un ensemble d’équilibres, avec des plus et des moins. Les dessins thérapeutiques, eux, sont volontairement déséquilibrés, en plus ou en moins, et sont donc des outils puissants, mais dangereux.
N. C. : Comment un tel dessin était-il utilisé concrètement ?
J.-B. B. : L’homme-médecine pouvait simplement le poser sur le corps du patient. Or, depuis quelque temps, au lieu de guérir, le dessin tuait ! Qu’est-ce que cela signifie qu’une voie créée par l’humanité dans des temps immémoriaux ne soit plus accessible ? Pourquoi certaines grandes cérémonies ont-elles commencé à “échapper” aux Navajos ? Parce que le Mana du monde, son Karma, ne le permet plus. À Tahiti, nous avons eu des contacts avec un descendant de la reine Pomaré, qui nous a parlé du Mana. Les Blancs, là-bas, s’imaginent que c’est fini, mais des réunions se poursuivent, au fond des forêts, et ils travaillent toujours le Mana : il est enfoui, caché, il n’y a plus d’hommes pour le porter (sauf une élite), mais il existe encore... Pour en revenir à la médecine Navajo, après des années d’enquête, nous avons fini par nous familiariser avec la méthode elle-même : La “Voie de la Plume” traite des problèmes de rhumatisme ; la “Voie de la Montagne”, de l’arthrite et des perturbations mentales ; la “Voie du Projectile”, des troubles respiratoires et gastro-intestinaux ; etc. Avec toujours une double approche : anatomique d’une part, immuno-spirituelle d’autre part.
Quand on dépose sur votre corps ce que nous, Occidentaux, appelons une “œuvre d’art” (mais qui est beaucoup plus que ça), l’effet est puissant et peut s’avérer d’une efficacité incroyable. Pourquoi ? Parce que l’art (appelons-le ainsi, nous n’avons pas d’autre mot) est le langage du corps. Que nous, Occidentaux, ne puissions plus y faire appel signale un déclin de notre conscience perceptive. Nous ne vivons plus dans l’immanence, ni dans le présent. Nous avons gagné sur le plan intellectuel, mais perdu sur un plan beaucoup plus subtil. En réalité, ce corps, sur lequel travaillent les médecines anciennes, n’est évidemment pas coupé du corps anatomique, mais il existe comme entité séparée. Comme un enfant existe par rapport à ses parents - en l’occurrence, le “père” est le corps subtil, et l’“enfant” le corps anatomique.
Et c’est le père qui ouvre la voie pour l’enfant. On le saisit bien quand on comprend la voie navajo qui gère le système immunitaire : c’est l’ambition de vivre ! Le désir de continuer à participer au monde ! La volonté d’être - surtout aux heures basses de la vie !
N. C. : Comment en arrivez-vous à cette conclusion - qui est celle à laquelle aboutissent les pionniers des nouvelles thérapies occidentales, par exemple David Servan-Schreiber, qui a commencé à bouleverser sa vision du monde et de la santé à partir d’une visite à l’hôpital tibétain de Dharamsala... Au passage, qu’est-ce que les bouddhistes tibétains apportent de particulier dans cette histoire ?
J.-B. B. : Nous sommes en relation étroite avec David Servan-Schreiber (comme nous le sommes avec les Dr Jon Kabat-Zinn, Richard Davidson, Jacques Cot, Jean Loup Accard ou Patrice Muller). Nos enquêtes les intéressent et nous aimons leurs approches. Mais pour répondre à votre question sur les Tibétains, je dois poser d’abord une autre question : qui est Bouddha ? Il faut quand même le dire un jour : c’est Luther ! un réformateur. On est au vie siècle av. J-C. et l’hindouisme part en débandade. Les Upanishads, Bouddha et le Kalachakra vont apporter une remise en ordre par rapport aux origines, enracinées dans la vallée de l’Indus... où s’était développé quoi ? Shiva et les premières manifestations d’une mystique mettant en étroit rapport les différents corps, au centre desquelles l’énergie sexuelle, canalisée, tient une place cruciale. Cette culture se réactive donc au vie siècle av. J.-C. avec Bouddha, tient encore jusqu’au xe siècle ap. J.-C....
Et soudain, au xie et xiie siècle, les invasions musulmanes conquièrent tout le nord de l’Inde, où se trouvent les grands centres tantriques indiens et un monde s’effondre. Rien n’est plus opposé que le bouddhisme et l’islam. Le bouddhisme est une pratique qui mène, peut-être, à une mystique. L’islam est une mystique qui mène à une pratique. On assiste alors à un refoulement massif de la culture tantrique en direction des plateaux du Tibet, comme une vague poussée vers les hauteurs par l’intolérance musulmane. Et le bouddhisme va devenir tibétain - non sans que le toit du monde ne connaisse d’abord un siècle très sombre, parce qu’on se trouve en pleine féodalité, avec un roi, des princes, une cour, etc., et que tout ça va s’effondrer aussi. Mais quand le rideau se relève sur Lhasssa, on est passé au culte du Kalachakra, la figure bouddhique qui va désormais rayonner pendant des siècles sur toute cette région du monde et en premier sur
la médecine tibétaine. Le Kalachakra est l’enseignement à la fois le plus laïc et le plus secret du Tibet.
N. C. : Pardon de revenir aux Navajos, mais je voudrais mieux comprendre leur approche de la thérapie par ce que nous appelons “art”.
J.-B. B. : C’est sans doute le Pr Didier Sicard, chef de clinique de l’hôpital Cochin, à Paris, et actuel président du Comité national consultatif d’éthique, qui nous a le plus encouragés à fouiller cette piste. Ce spécialiste de médecine interne a commencé sa carrière au Laos, qu’il nous a présenté comme une “terre de chamans, qui avait tout bouleversé” dans sa vision des choses. Cet homme nous dit : “Il y a un lien mystérieux entre la santé et la peinture.”
Et comme nous le pressons d’en dire plus, il ajoute : “Depuis toujours, l’art a eu une fonction de découverte de ce qui ne peut être exprimé par des mots scientifiques, des concepts établis ; il est là pour déstabiliser notre conformisme, nous faire sortir de notre univers à la rationnalité envahissante et parfois si vaine.
L’illusion contemporaine est de croire que la fonction de l’art est seulement d’ordre esthétique.” Ensuite, c’est Madeleine Bastide, professeur d’immunologie à la faculté de pharmacie de Montpellier, qui nous a avoué qu’elle était à la recherche d’informations sur le rapport entre les cérémonies de guérison navajos et le système immunitaire. Elle craignait de se retrouver, comme avec l’homéopathie qui la passionne mais la laisse sur sa faim, sans théorie qui puisse rendre intelligible un quelconque principe actif.
Aujourd’hui, nos explorations nous permettent de le dire : dans toutes les sociétés premières, l’art est inséparable de la santé et se trouve systématiquement utilisé en thérapie - pour débusquer l’ombre d’une autre entité en nous, invisible, souterraine. Les Mélanésiens font appel à l’art comme trait d’union entre la folie et la société. Au Sénégal, les qualificatifs dyêka, yèm, mat signifient à la fois beauté, bonté et efficacité. Chez les Navajos, le mot hozho renvoie à la fois à la beauté et à la santé - et fait désormais l’objet de cours de philosophie pointus au Dine College de Tsaile (Arizona), première université indienne autogérée. On pourrait multiplier les exemples : tous attestent qu’aucune société indigène ne croit au “beau en soi”. Non que la beauté n’existe pas pour eux, au contraire (on découvre que la poésie apparaît dès l’aurore de l’humanité, sous forme de récits mythiques), mais elle n’est jamais seule au monde, à s’endormir : elle se lève, elle bouge, elle marche ! Elle est résolument associée à des données qui, pour les Occidentaux, sont étrangères à sa destinée. C’est nous, hommes et femmes de “progrès”, qui avons fait du beau une chose en soi, isolée du reste de la vie. Alors que nous devrions plutôt nous efforcer de comprendre quel est ce mystérieux corps subtil (sensations, émotions, pensées, sentiments et au-delà), dont la beauté est à l’évidence complice.
N. C. : Que notre vie intérieure s’enlaidisse et nous risquons fort de tomber malades ?
J.-B. B. : On sait bien que les traumatismes affectifs, les ruptures, les non-dits graves, les amertumes, les haines... sont autant de “laideurs intérieures”, qui provoquent notamment des cancers. Du côté des Navajos, plus nous avons avancé dans notre enquête sur la “Voie du Projectile” - qui gère donc le réseau immunitaire -, plus les questions se sont multipliées.
Par exemple, pourquoi la couleur rose - qui ne fait pas partie de la palette navajo de base (blanc, bleu, ocre jaune et noir) ? On nous a répondu : “C’est la couleur de la bonne santé.” Dans le haut lieu de la Mesa Verde où, dit-on, cette cérémonie est née, nous avons aussi découvert un grand cadran solaire qui remonte à la nuit des temps : cette voie est donc liée au soleil - et à l’eau, les deux piliers de la vie. Tous ces principes demeurent à l’œuvre chez les Navajos contemporains, mais dans des voies moins dangereuses, par exemple la Voie de la Bénédiction, aujourd’hui la plus célébrée - pour fêter le passage de la puberté, ou un mariage, ou une entrée en politique... ou l’inauguration d’un McDo ! Mais elle est seulement préventive, pas curative.
Ah, il nous faudrait plusieurs livres pour tout raconter ! Le principe de base est finalement simple. Comme nous l’a dit un jour Jean-Pierre Dupuy, professeur à Polytechnique et à Stanford : “La recherche du vrai mène au beau et le beau mène au vrai.” C’est le principe qui guide désormais son travail. Pour les peuples premiers, vivre consiste à être un peu plus heureux chaque jour, en s’élevant jusqu’à “l’état du pollen” - la matière la plus impalpable, disent les Navajos, la plus proche de l’esprit.

La Voie du Projectile des Navajos

Dans le Hogan en rondins de bois, la cérémonie peut durer 8 jours et 9 nuits, en deux temps. Purification, avec massage, herbes médicinales, bain de sudation, etc. Puis thérapie par peintures sèches, que l’initié fait s’écouler entre pouce et index. Le soir, le patient s’assied au cœur de la peinture, que les mains humides du thérapeute vont transposer en plusieurs fois du sol au corps malade - le tout baigné de chants de "rencentrage", mélopées lancinantes. La nuit venue, tout doit avoir disparu.

Le corps “arc-en-ciel” des Aborigènes

S. Crossman et J-P. Barou ont vécu trois ans en Australie. Ils ont raconté dans leur premier livre la série d’accidents et de coïncidences inouies qui les a alors fait basculer dans l’exploration systématique des cultures Premières. Pour les Aborigènes de la Terre d’Arnhem, la peinture, ici reproduite par Peter Marralwanga, représente le corps “arc-en-ciel”, c’est- à-dire le corps subtil. C’est une figure thérapeutique puissante, dont l’orientation est indiquée par le fait que la main gauche est plus élevée que la droite.

À lire :

Les Clés de la santé indigène, Jean-Pierre Barou & Sylvie Crossman (éd. Balland).

*Source: Nouvelles Clés
… (meer)
 
Gemarkeerd
Joop-le-philosophe | Mar 30, 2023 |

Misschien vindt je deze ook leuk

Gerelateerde auteurs

Statistieken

Werken
8
Leden
44
Populariteit
#346,250
Waardering
4.0
Besprekingen
1
ISBNs
8
Talen
2