Un étrange roman, inspiré de la vie et de la construction de l’œuvre de Raymond Carver. Un détail, non négligeable pourtant, de l’œuvre de ce nouvelliste dit « minimaliste » que j’ignorais ; ses nouvelles ont été coupées, parfois de plus de la moitié, par son éditeur. Qui de Raymond Carver ou de Gordon Lish est l’auteur ?
Qui de Raymond ou de Douglas, alias Ciseaux, est l’écrivain ? Stéphane Michaka écrit une fiction en conservant les grandes lignes de la vie de Raymond Carver et décortique les relations de couples. Raymond et sa femme, Raymond et sa seconde femme, Raymond et son éditeur. Trois couples, quatre personnages et une œuvre qui se crée à partir de la boue des petits malheurs et de la poussière des vies ternes.
Ajoutez à cela une mise en abyme avec des petites nouvelles de la main de Raymond insérées au fil du roman, et l’on ne sait plus bien où on en est de ce roman qui s’écrit dans le roman du roman que l’on est en train de lire. Une construction qui donne le vertige et qui permet de passer un agréable moment à réfléchir aux affres de la création littéraire et aux écueils de sa publication sans pour autant attraper la grosse tête. Pour être minimaliste, je conclurai d’un mot. Plaisant.