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Bezig met laden... Les Sacrifiéesdoor Laurent Gaudé
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Pour moi, le théâtre moderne s’arrêtait à Beckett (pour ce qui me plaît) et à Ionesco (pour ce qui me passe au-dessus de la tête). Je viens de découvrir avec cette pièce un théâtre contemporain fort et passionnant. J’ai véritablement été happée par cette pièce, dont j’ai écouté une grande partie les yeux fermés, concentrée uniquement sur les mots et les images qu’ils faisaient naître.
Les sacrifiées, en trois actes, conte l’histoire de l’Algérie au travers de trois femmes, la mère pendant les « évènements d’Algérie », la fille au beau temps de l’immigration économique vers la France dans les années 70 et enfin la petite-.fille pendant les sombres années de la montée du fanatisme et de la peur dans les années 90. Raïssa, Leïla et Saïda, la folle, la pute et l’indécente.
Trois femmes qui s’élèvent contre le destin que l’on veut leur imposer et qui, chacune à leur manière devra affirmer ses choix. Mais nous sommes ici dans une tragédie grecque et la prophétie doit s’accomplir. Elle s’accomplira mais il fera de ces femmes des êtres forts qui ne renieront pas ce qu’elles sont, qui ne se laisseront pas broyer malgré la pesanteur du destin qui leur est échu, quelque soit le prix qu’il leur faudra payer, et il sera élevé, c’est la seule certitude. Nouvelles Antigone qui choisissent leur morale plutôt que de se plier à des diktats qui leur sont extérieures, ces femmes sont dérangeantes tant leur soif de vivre est grande, tant elles assument pleinement et ouvertement la radicalité de leurs choix.
Je parle de tragédie grecque, et je ne me souviens plus où j’ai lu que Laurent Gaudé aime utiliser cette construction pour ses pièces. Je ne sais si c’est toujours le cas, mais ici, le parallèle est évident, tant dans la trame de l’histoire basée sur une prophétie qui se réalise coûte que coûte que dans la mise en scène, où des chœurs donnent le contexte de l’histoire, l’Histoire avec un grand « H » dans laquelle s’inscrit cette histoire avec un petit « h », et résument ce qui se passe entre les différentes scènes qui s’étalent sur plusieurs décennies. Cette construction donne une force intense, à la limite du soutenable, à ce texte, et participe beaucoup, il me semble, à l’impact que peut avoir cette pièce sur le spectateur.
Enfin, pour en revenir au sujet, il est certes question de la guerre d’Algérie et des décennies qui ont suivi, mais ce n’est peut-être qu’un décor. Lourd, certes, mais un décor. L’histoire aurait pu se passer dans bien d’autres contextes, et Laurent Gaudé ne cherche à aucun moment à expliquer l’histoire, à expliquer les victoires puis les échecs de cette jeune nation. Il plante le décor, c’est un constat, une toile de fond. Et ce qui compte ce sont ses personnages. Peu crédibles, mais ce sont des métaphores, des emblèmes des femmes (mais peut-être au-delà de tous les êtres) broyées par la culture, l’économie, la guerre. Les trois sacrifiées de cette pièce parlent pour toutes les sacrifiées, pour les sacrifiées qui n’acceptent pas leur destin tout tracé et qui, malgré les conséquences, se lèvent et restent debout. Une pièce magnifique, une claque et un réveil brutal mais prometteur.
* Je ne peux m’empêcher de donner le lien de cette émission si réussie (http://www.franceculture.fr/emission-fictions-theatre-et-cie-cycle-laurent-gaude-14-les-sacrifiees-2014-11-02) et aussi citer les voix, même si la liste en est longue, car je veux saluer leur superbe interprétation. Fouzia Lyamini et Rayhana interprètent Raïssa, Odja llorca est Leïla et Sonia Amori est la voix de Saïda.
Elles sont accompagnées de Robinson Stevenin (Charles), Mouss Zouheiry (l’aîné de la Djemaa), Antoine Berry-Roger (Langlois), Abel Aboualiten (Messaoud), Laurent Lederer (le lieutenant), Philippe Beautier (Brissac), Ivan Cori (Rafaelli), Souad Amidou (Meriem), Omar Salim (Selim), ainsi que Kader Kada, Omar Yami, Rabah Loucif, Ali Allalou, Florent Oullié, Romain Lemire, Xavier-Valéry Gauthier, François Briault, Franz Debrébant, Mahmoud Saïd, Malik Faraoun, Azzedine Bouayad, Farida Ouchani, Samia Allalou, Hind Iboukassene, Taïdir Ouazine, Linda Chaïb, Fatima Aibout, Amir El Kacem, Moustapha Abourachid, Slimane Yefsah, Pascal Loison et Farhat Kerkeny.