Roger Massé est né le 10 août 1931. Tout au long de son chemin de vie, la Muse a veillé sur ce poète autodidacte en lui permettant d’exprimer toutes ses joies et ses peines mais aussi ses doutes et ses révoltes.

Aujourd’hui encore et même plus que jamais, l’absence de poésie serait tout bonnement inconcevable pour cet auteur sensible et généreux « J’écris quand mon cœur s’étonne / J’écris quand mon cœur s’ennuie / Sur tout ce qui m’environne / J’écris le jour ou la nuit. »

Attentif à la nature qui l’entoure autant qu’aux êtres et aux choses, Roger Massé est poète dans l’âme. Il prend le temps d’observer, de s’émerveiller des beautés de l’existence et, se sachant « de passage », se concentre sur l’essentiel « Aller au fil de mes envies / Comprendre les signes muets / Passer les pierrées et les combes / De tous mes sens inassouvis / Réaliser de chers souhaits / Avant d’être un pied dans la tombe. »
Admettant, avec une bonne dose d’humour, que le temps passe en laissant des traces indélébiles sur le corps et sur le cœur, le poète essaye malgré tout de conserver un regard neuf et disponible sur le monde « Je sais si peu, si peu de choses / Je suis en quête permanente / J’ai l’univers à découvrir / Le temps ne permet pas de pause / A une vitesse étonnante / Il passe et tout reste à cueillir. »

Il n’y a pas chez lui de renoncement, pas de désespoir mais plutôt un enthousiasme communicatif « C’est formidable d’exister / De suivre son bout de chemin / En ignorant tous les ragots / De s’ébahir sans hésiter / Comme le ferait un gamin / En prenant la vie tout de go », un soupçon de dérision « Je suis une carcasse / En route pour la casse / Branchée sur un moteur / Qui tousse et qui pleure » et beaucoup de philosophie.
Roger Massé est encore et toujours en quête de ces bonheurs tout simples qui émaillent le quotidien. Carpe diem ! Nous dit-il avec ses poèmes très rythmés, aux vers courts et le plus souvent rimés.

Avec beaucoup de pudeur et de tendresse, il nous dévoile la couleur de l’amour qui se confond avec l’azur du ciel et les yeux bleus de sa compagne « Si je n’avais pas tes yeux / Pour aller vagabonder / Quand surviennent les nuages / Tout à coup, je serais vieux / Isolé, désorienté / Je serais en plein naufrage » ; il nous dépeint ses états d’âme changeant au gré de ses promenades dans une nature quasi omniprésente et amoureusement décrite « Je ne demande rien / Qu’une pluie bienfaisante / Et ses ruissellements / Sur la fleur et le fruit / Et la dense forêt / Et le champ de labour / Avec tous les arômes / D’une terre mouillée » ; il se penche aussi sur les coins et recoins de la ville abritant des amoureux ou des malheureux « Ainsi la pudeur / Va se réfugier / Comme la laideur / Entre l’araignée / Et la balayure / Dans les encoignures. »

Ce poète-là ne s’enferme pas dans une tour d’ivoire, il s’intéresse à ses contemporains et nous fait part de ses mouvements d’humeur, de ses désirs de voir changer la société pour une communauté plus fraternelle. Sa plume dénonce alors l’égoïsme, l’indifférence, la bêtise « Salut à toi qui passes / Etranger de ma race / Il n’y a qu’une terre / Pour toi et pour mon frère / Et l’instant qui s’efface / Trop rare / Trop fugace / Pour le perdre à la guerre. »

Roger Massé se décrit lui-même comme « un semeur de mots » possédant « un jardin d’écriture » ; il n’hésite pas à utiliser des expressions populaires, des mots d’argot et des « gros mots » en digne héritier d’un autre troubadour – Brassens – qu’il admire. « Je veux être compréhensible / Pour le plaisir d’être entendu / Je prends la forme la plus claire / Je n’ai pas l’élite pour cible / Je cherche le premier venu / Je suis écrivain populaire. »

Roger Massé a su se créer un univers, un refuge pour son extrême sensibilité ; il ne tient qu’à vous de le découvrir et je vous y invite vivement !

- LAURE FELLONI ( )