Pouchèle, Bernard. L'étoile et le vagabond. Paris: Éditions Denoël, 1989.

Quentin, ancien instituteur de 55 ans ridé, cicatrisé, autodidacte et ironique, est devenu "vagabond" ou routard lors de la mort de sa femme Louise il y a 7 ans, sac à dos, survivant grâce aux petits boulots et la charité, jusqu'au jour où il connait Marie, 20 ans plus jeune que lui, qui l'héberge un peu par curiosité et aussi pour lui faire compagnie durant l'absence de son aimé et qui devient (aux yeux de Quentin) son "étoile" ; Quentin, qui n'a connu telle tendresse pendant tant de temps, s'est tombé follement amoureux, et se sent détruit quand elle finalement, mais avec des gestes ambiguës, lui dit qu'il faut qu'il s'en aille.

Pour moi, les charmes de ce roman furent trois: les personnages à peu près aussi complexes comme les personnes réelles, y inclus l'intelligent et sensitive Quentin; le riche argot routard, assez drôle; et la sociologie de la mouise, à travers des interpretations de Quentin. Par example, ce petit discours qu'il offre au directeur d'un foyer en Normandie:

Le monde socialisé ignore que le plus sombre du monde de l'errance se balade avec les idées les plus simplistes, sinon les plus fascisantes : rejet du différent et de l'étranger, racisme agressif au premier degré, mépris paradoxal du plus paumé, machisme archaïque dû à une expérience plus que limitée en matière des femmes. Il y en a heureusement qui gambergent un peu, mais ils sont nettement minoritaires. L'un dans l'autre, dans le monde de la route, l'extrême droite ferait du soixante-dix pour cent. N'oublions jamais que le nazisme a eu pour créateur un vagabond entouré d'un carré d'aigris. [104] ( )